Site Medtech Suisse 2030

Swiss Medtech esquisse une voie pour renforcer durablement la branche

La technologie médicale suisse – devenue récemment le jouet de la politique entre la Suisse et l’UE – a pu résoudre des problèmes urgents liés à son déclassement en tant que pays tiers le 26 mai 2021 grâce à son esprit d’entreprise et au soutien de ses partenaires en Suisse et à l’étranger. « Penser que le succès de la technologie médicale suisse est ainsi assuré, c’est ignorer à quel point la concurrence internationale est rude. Si la Suisse veut renforcer durablement sa position comme l’un des sites de technologie médicale les plus attractifs au monde, elle a besoin d’une stratégie commune de tous les acteurs », déclare le président de Swiss Medtech, Beat Vonlanthen. Avec l’image cible « Site Medtech Suisse 2030 » présentée aujourd’hui à Berne, l’association esquisse une voie correspondante. « L’objectif est de poursuivre la success story de notre industrie de la technologie médicale. Un site médico-technique fort est bon pour notre économie et pour le bien des patientes et patients », précise Beat Vonlanthen. La barre est haute : avec 63 000 employés, le secteur compte aujourd’hui un cinquième d’emplois de plus qu’il y a dix ans. En Suisse, une personne sur cent travaille dans la technique médicale. À cela s’ajoute une croissance annuelle du chiffre d’affaires qui, avec une moyenne de six pour cent, est nettement supérieure à la croissance du PIB de l’ensemble de la Suisse. La technologie médicale constitue la base pour fournir des soins de santé de premier ordre. Son importance a fait l’objet d’une prise de conscience publique au moins depuis la pandémie de COVID-19. 

Une plus grande marge de manœuvre plutôt qu’une surrèglementation

Depuis des années, le secteur de la technologie médicale est confronté à un flot croissant de règlementations, notamment en raison du règlement européen sur les dispositifs médicaux (Medical Device Regulation, MDR), mais aussi du renforcement de l’ordonnance nationale sur les dispositifs médicaux. Beat Vonlanthen appelle à renverser cette tendance : « Toute nouvelle règlementation devrait également être évaluée en fonction de ses conséquences sur la compétitivité et la capacité d’innovation de notre industrie. Au lieu d’obstacles règlementaires, le secteur de la technologie médicale a besoin d’une plus grande marge de manœuvre. » C’est le cas, par exemple, pour l’achat de dispositifs médicaux. Beat Vonlanthen en est convaincu : « se baser uniquement sur les dispositifs médicaux avec des certificats européens n’est pas assez clairvoyant. Nous devons élargir notre marge de manœuvre à des marquages extra-européens ». En tant qu’économie orientée vers l’exportation et en tant que pays qui, en raison de sa taille et de ses ressources en personnel, ne peut pas s’approvisionner lui-même en dispositifs médicaux, la Suisse est particulièrement dépendante de marchés ouverts sans obstacles techniques au commerce. « Il est essentiel pour nous que la Suisse remette ses relations avec l’UE sur des bases solides. Un emploi sur trois dans l’industrie suisse de la technologie médicale dépend des commandes de l’UE. En outre, la Suisse doit s’ouvrir à de nouveaux marchés dans le monde entier », explique le président. 

Promouvoir l’innovation et l’amener plus rapidement au patient

La Suisse est bien placée en ce qui concerne la recherche – pour le passage de l’idée au prototype. Cependant, les idées ingénieuses échouent trop souvent lors du processus qui mène du prototype au produit autorisé. Le facteur déterminant de ce « translation gap » est souvent le manque d’investissements préalables dans la phase de développement. Y compris les études cliniques, celle-ci prend plusieurs années. Dans ce contexte, le soutien de l’État, comme celui d’Innosuisse, ne devrait pas se limiter à la phase allant jusqu’au prototype, mais aller au-delà. « Pour cela, il n’est pas nécessaire d’augmenter les subventions, mais plutôt de réorienter les fonds existants de manière plus ciblée vers les projets d’innovation présentant le plus grand potentiel commercial et, désormais, de les verser directement aux entreprises », explique Peter Biedermann, directeur de Swiss Medtech. Les données cliniques sont un autre élément clé de la réussite. « La Suisse est confrontée au défi de rester attractive pour les essais cliniques. Si elle y parvient, elle renforce ainsi la force d’innovation. Les patientes et les patients profitent en même temps de l’accès aux thérapies les plus récentes », souligne le directeur. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement le chemin entre l’idée et le produit commercialisable qui est trop long, mais aussi le processus du produit aux soins aux patients. Il arrive que de nouveaux dispositifs médicaux ne soient remboursés que cinq ans après leur mise sur le marché. « Pour suivre le rythme des évolutions technologiques de la technologie médicale, les approches en matière de tarification des dispositifs médicaux doivent également être plus innovantes. Nous avons par exemple besoin de nouveaux modèles de rémunération pour les applications numériques de santé », souligne Peter Biedermann.

Repenser les soins de santé

Une discussion politique qui se limite aux coûts des soins de santé ne va pas assez loin. L’objectif doit plutôt être de fournir le plus de santé possible en utilisant les moyens de manière efficiente. Ce concept de soins de santé fondés sur la valeur (Value Based Health Care) constitue une approche globale qui couvre l’ensemble du parcours de soins. Celle-ci inclut, outre le succès individuel de la guérison, des effets positifs tels que des séjours hospitaliers plus courts, la réduction des coûts des soins et de l’invalidité, l’évitement de traitements ultérieurs, le maintien de la capacité de travail et des dimensions telles que la mobilité et le rayon d’action social. « Les soins de santé actuels se déroulent trop en silos. Nous devons changer notre façon de penser et ouvrir notre regard sur l’ensemble du parcours du patient. Pour cela, il faut une étroite collaboration entre tous les acteurs de la santé ainsi qu’une collecte et une évaluation à long terme d’indicateurs de qualité. C’est aussi pour cette raison que la numérisation dans le secteur de la santé doit progresser plus rapidement », affirme avec conviction Roman Iselin, vice-président EMEA Regional Supply Chain, MedTech de Johnson & Johnson et membre du comité directeur de Swiss Medtech. 

Orienter résolument la place industrielle vers l’excellence

Le secteur suisse de la technologie médicale est confronté au défi de devoir concilier les normes de qualité les plus élevées et la rentabilité suisse dans la production. Il ne pourra produire de manière compétitive à long terme en Suisse, pays à salaires élevés, que s’il parvient à augmenter encore sa productivité. Raphael Laubscher, sixième génération à la tête de l’entreprise fournisseur Laubscher Précision SA, en est convaincu : « Je vois une chance pour l’industrie suisse de la technique médicale de se profiler en termes de coûts globaux dans le contexte de la personnalisation croissante des produits et de la production industrielle en série. La branche ne peut y parvenir que si elle adapte systématiquement ses processus clés pour les rendre efficaces et efficients. » Le succès repose en grande partie sur la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée. Or, c’est précisément ce qui fait défaut. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée est une préoccupation majeure pour l’ensemble de la branche et ne concerne pas seulement les professions académiques, mais aussi et surtout les métiers d’apprentissage proches de la production, comme celui de polymécanicien. « Nous avons besoin de personnel disposant des compétences nécessaires aujourd’hui pour le secteur de la technique médicale de demain », résume Raphael Laubscher, membre du comité directeur de Swiss Medtech.

Pas à pas vers la durabilité

La durabilité est, avec la numérisation, le deuxième grand thème transversal qui transforme actuellement l’ensemble de l’économie. La nécessité d’avoir une activité commerciale neutre sur le plan climatique, efficace sur le plan énergétique et respectueuse des ressources pose de grands défis à l’industrie de la technologie médicale. Mais elle y voit aussi une chance de devenir pionnière d’une économie de la santé climatiquement neutre. Les atteintes à l’environnement se produisent principalement en amont. « Pour une gestion crédible de la durabilité, il est donc indispensable d’intégrer toute la chaîne de création de valeur », déclare Simon Michel, CEO d’Ypsomed, qui a lancé en 2020 le premier stylo neutre en CO2 au monde. « Je suis convaincu que seules les entreprises qui assument aujourd’hui leurs responsabilités pour les générations de demain connaîtront une croissance à long terme. Les clients et les investisseurs demandent de plus en plus d’informations sur l’environnement et l’empreinte carbone. Je considère donc la protection climatique comme un avantage concurrentiel, même pour le recrutement de jeunes talents. La protection du climat commence par une attitude intérieure qui produit des effets lorsqu’elle imprègne toute l’entreprise », déclare Simon Michel, membre du comité directeur de Swiss Medtech.

Pour plus d’information

Rapport : Site Medtech Suisse 2030 

Association professionnelle de la technologie médicale suisse, Swiss Medtech représente environ 800 membres. Avec 71 700 employés et une contribution de 11,9 % à la balance commerciale positive de la Suisse, la technologie médicale est un secteur important sur le plan économique. Swiss Medtech prône un environnement dans lequel la technologie médicale peut fournir des prestations de pointe en vue d’apporter des soins médicaux de qualité.

swiss-medtech.ch